Oh la vache oui il est incroyable ce nouvel album de Adult Jazz. Et moi qui craignais que le groupe n’ait splitté, en fait non ils mûrissaient leur merveille suivante, et je suis contente qu’ils m’aient fait poireauter autant. On a de la rythmique déstabilisante directement en ouverture de l’album sur bleat melisma avec toujours ce voice work incroyable de fausset qui emprunte quelques techniques au yodel, probablement sans le savoir parce que je sais reconnaître un chanteur naturel et s’il y en a un dans ce monde c’est bien lui, c’est tellement étonnant ce mélange de guturalité et de bending extrême sur cette voix toute haut perchée et tellement puissante, pfou.
y-rod me rappelle à l’ordre : on est pas là que pour rigoler, on a affaire à des musiciens accomplis qui savent donner vie à un univers avec une volée de notes et on attend de moi que je sois entièrement là pour l’explorer.
Marquee est sans doute mon plus gros coup de foudre – je vois pas trop pourquoi, entre ces notes de contrebasse labiles et la discrète présence de PEUTITS PEUTITS POLYRHYTHRNMMMMNEHS en plus c’est entraînant et un peu oublieux, le genre qui te fait regarder dans le vide en bas à droite avec un grand sourire con, tout en restant très accessible.
Et on finit sur I was surprised qui traine en douceur jusqu’à une montée en apothéose lyrique et épique, en notes pures soutenues à faire frissonner, accompagnée d’une orchestration qui rappelle un peu les meilleurs moments d’Owen Pallett ou de Kishi Bashi, des bandes-sons parfaites pour te balader dans les rues de ta ville le port conquérant, l’alignement loyal-con et le cœur gonflé d’espoir et d’optimisme.
L’album me plaît moins que Gist Is, sûrement parce qu’il m’avait complètement désarçonnée et que maintenant je n’ai plus la surprise de la découverte de cette voix insensée ni de leur écriture à l’air faussement maladroit qui sous couvert de se casser la gueule partout se lance sans en dire la couleur dans un jeu d’équilibriste subtil et périlleux, avec à la clé cette sensation pour l’auditeur de se faire balader comme une balle magique dans un sèche-linge rempli de petites percussions et de divers machins qui font pouet, mais par un obscur miracle, c’est musical et cohérent. Il prend beaucoup plus de risques au niveau de la structure des compositions, de la complexité des harmonies, et paradoxalement, j’en retire l’impression d’un ensemble plus simple, moins abscons, que je peux mentalement plus facilement rapprocher d’autres genres nettement classifiés (et je suis surprise de penser « RnB » souvent), il est donc sûrement plus facile à écouter pour quelqu’un qui découvrirait le groupe. Mais peut-être que c’est juste moi et mes perceptions un peu cassées.
J’ai passé ma soirée d’hier à trier et renommer les dossiers dans mon vieux répertoire de musique en lançant un album par-ci par-là dans la foulée et j’ai lancé UP de Peter Gabriel et je me suis rappelé pourquoi et à quel point le Vieux Loup fait figure de sensei dans mon parcours musical. C’est si inventif et décomplexé, et cette voix ‘husky’ et si écorchée, bons dieux, je fonds. L’album parle de deuil, et plus généralement de surmonter les difficultés que la vie fout en travers de notre chemin. De l’étonnamment brutal ‘Darkness‘ à ‘The Drop‘, ce chant à fleur de peau éclaire une voie que sa sincérité rend si facile à suivre et emprunter à son tour, permettant une libération de nos propres émotions, par catharsis. Cet album est une bouée de sauvetage, parsemé de mantras libérateurs qui s’imprimeront forcément quelque part, dont on peut faire ses compagnons de route : « I have my fears but they do not have me », « I keep moving to be stable ». Historiquement c’est ‘Signal to noise‘ qui me prend aux tripes (je veux dire, voice work, meaning… et ce changement de mode vers la fin qui change tout à la signification de toute la chanson en deux notes de violon), mais cette fois-ci c’est ‘More than this‘ qui m’apporte exactement ce dont j’ai besoin.
Musique classée de Z à R. Plus que 3/4 du dossier à nettoyer. Gnnnn.

J’écoutais plus assez Deerhoof non plus et c’est bien dommage parce que c’est vraiment la perfection par exemple ‘super duper rescue heads!‘ ou ‘Flower‘ ou ‘sealed with a kiss‘ ou ‘spiral golden town‘ elles me rendent toutes cinglée.
Mood : ‘Pray for pills‘ de Small Leaks Sinks Ships
(je l’ai déjà évoqué viteuf sur mastodon mais) la semaine dernière, mon chat Murai s’est fait renverser par une bagnole alors qu’il me suivait pour la promenade du chien et qu’il a décidé de traverser la route sur une impulsion chelou comme un connard. Connard aussi, le mec, qui a vu, freiné, s’est arrêté quelques secondes, et a décidé de se casser plutôt que de s’arrêter pour par exemple aider à retrouver le chat et l’amener chez le véto, malgré moi qui hurlais de peur. Les gens sont merveilleux, dis donc. Enfin, petit tour de nuit chez le véto, la peluche va bien, une bande de poils arrachés sur une patte arrière, deux griffes cassées, un petit miraculé. Il est beaucoup plus pantouflard et câlin, maintenant.
Et puis mardi soir, en allant me balader dans les bois, mon chien a emprunté un chemin tout glacé, sur un itinéraire tout à fait connu de nous et qui habituellement ne présente pas de danger particulier. Sauf que, j’étais pas au courant, mais il y a eu des travaux de terrassement qui n’étaient pas signalés sur le terrain, le chemin n’était pas condamné, mais ce qui était habituellement un chemin et que j’ai pris pour une surface gelée était en fait une goulotte d’un bon mètre de profondeur remplie d’eau marécageuse. Après qu’il a trottiné insouciamment sur la glace pendant une quinzaine de mètres, elle a finalement cédé sous son poids, près du bord de l’étang, et mon chien s’est retrouvé avec l’arrière-train dans l’eau gelée, les pattes avant qui glissaient sur la glace, incapable de trouver assez de prise pour soulever son poids.
Je ne pouvais pas faire le tour pour revenir le chercher, donc j’ai essayé de passer par la bande, mais la terre autour de la goulotte avait aussi été retournée et je me suis embourbée jusqu’à la taille. Heureusement j’étais avec un pote qui a réussi à m’aider à sortir de là sans se foutre dedans aussi. On a essayé de péter la glace avec des bûches qui traînaient autour, miraculeusement trouvé une planche pour faire un peu appui sur la glace et ne pas risquer de s’embourber dans le fond de la goulotte, et mon pote, qui m’a empêchée de me lancer dans l’eau sans réfléchir pour aller récupérer mon chien qui commençait à hurler de désespoir, a patiemment avancé sur la planche en pétant la glace et ramené Pico – qui, voyant ses appuis disparaître, était en train de partir dans l’autre sens pour se sécuriser sur un autre pan de glace – sain et sauf vers le rivage, où j’ai finalement pu le porter jusqu’à la terre ferme.
Envie de hurler « ne m’interdisez jamais de faire n’importe quoi pour sauver mes petits », je pouvais pas rester tranquille en entendant mon chien paniquer, j’aurais jamais supporté de le regarder couler sans rien faire, c’était certainement beaucoup plus raisonnable de la part du pote mais insoutenable pour moi. Pico a passé sa soirée à alterner entre gémir doucement, roupiller et avoir des bursts de folie à courir partout pour faire sortir l’adrénaline. Moi j’ai pas vraiment dormi, trop occupée à me rejouer le film en lui trouvant les pires issues possibles et me torturer avec.
Enfin. Tout le monde est sain et sauf. Tout le monde va bien.
En train de pouiller ‘While waiting‘ qui est un jeu eeeeuh un puzzle game j’imagine? Je savais pas trop si ça allait me plaire en voyant le trailer, j’avais des doutes sur l’esthétique (quand j’ai le moindre hint de « jeu flash » je stall, je joue pas à hollow knight à cause de ça, ouiiii je sais je suis un petit caca j’ai rien compris haïssez-moi), je savais pas trop à quoi m’attendre avec le gameplay, et je ne peux pas trop en dire plus parce que… ben c’est que c’est difficile à décrire en fin de compte. Au final c’est un jeu hyper drôle, souvent meta, souvent plus exigeant qu’il en a l’air, mais pas parce que c’est un « jeu dur » qui demande beaucoup de skills, plutôt parce qu’il pousse constamment à penser en-dehors des cases. Je recommande ++.
Much music, plenty videogames, a pinch of trauma, and just the right amount of groundshaking poetry.
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