Je suis tombée sur le site de les tisserandes, deux tisserandes suisses qui ont ouvert une boutique avec pignon sur rue dans le quartier du Flon à Lausanne, et recrutent d’autres artisanes du textile pour se constituer en collectif : on y vend tes créations, et tu viens faire tourner la boutique. Ça m’enthousiasme énormément, ce genre de projets, et j’aurais adoré m’investir, mais 1/ Lausanne c’est loin et je ne peux réalistement pas me bouger une à plusieurs fois par semaine là-bas pour faire tourner un truc 2/ jamais de la vie je suis opé une à plusieurs fois par semaine pour faire tourner un truc sur une base régulière.
Il faut que je précise que je leur suis tombée dessus en cherchant une guilde locale où je pourrais m’affilier pour trouver où prendre des cours, avoir accès à des petites annonces pour les métiers d’occasion, réseauter avec d’autres tisserandes, ce genre de choses, parce que je suis là maintenant en train de chercher un métier d’occasion. J’en trouve quelques uns, des métiers de plancher à quatre cadres surtout, et c’est pas vraiment ce que je veux, idéalement je vise un 16, un 24 voir un 32 cadres, histoire d’avoir toute la marge que je veux pour pouvoir progresser tranquillement sans jamais me heurter aux limites techniques de mon matos et sans avoir à réinvestir régulièrement, mais je ne trouve pas, et je réfléchis sérieusement à en fabriquer un. Enfin, c’est pour ça que je cherchais une guilde. Je n’ai pas trouvé, mais je les ai trouvées elles.
J’ai montré ça à Esb, un de mes amis programmeurs, qui voudrait faire de la R&D mais se tape entre autres choses des audits d’accessibilité dans une boîte où il commence à devoir faire un peu trop d’heures sup’ et se sentir malheureux. La conversation s’est déroulée comme suit, je vous la rend sans filtre :
– En ce moment je suis très « bring back the guilds »
– Ah toi aussi?
– Pour des boîtes comme la mienne par exemple, y a un besoin absolument nul de proprios, tu peux faire la même chose avec un ownership partagé équitablement, c’est plus motivant pour les gens, l’argent est réinvesti ou utilisé pour payer mieux les salariés, le management est démocratique / participatif, et t’as une garantie un peu supérieure d’absence de népotisme… Je vois pas des caisses de downsides
– Ben go
– I wish. « Go » implique monter la boîte.
– En effet, mais faut pas toujours que ce soit les autres qui fassent si on veut que ça bouge
– J’entends bien mais alors tu me vois avoir des fonctions de administratif / commercial / recruteur avec mes incroyables human skills alors que je fais des pieds et des mains pour pas avoir de responsabilités de gestion de projet et qu’on m’en file quand même de façon informelle ?
– C’est tout le paradoxe des coopératives, il faut qu’elles soient montées et tenues par des gens qui sont pas trop contaminés par la corporate greed, donc souvent avec des soft skills du cul
– Beeeen y a de ça… Le vrai plan ça serait de motiver 50 personnes (nombre arbitraire) à signer un papier de fondation de la boîte et de faire venir les gens pas core métier après… Plus, y a le statut de scop
Je lui ai promis que cinquante personnes déterminées à coder en scop ça se trouvait, facile (je précise à toutes fins utiles que si moi je suis Suisse, Esb est sur territoire français). Aidez-moi, les gens, ne me faites pas mentir.
Au passage, je vous renouvelle ma demande de sources documentaire sur les guildes, les coopératives et les communs, avec une velléité un peu plus ancrée dans le concret, cette fois-ci.
Accessoirement si t’as une guilde de tisserands en Suisse à me proposer je prends. Et pas la peine de me dire « Ben go faire ta guilde de tisserands! » parce que la grande différence entre moi et Esb, c’est que je suis tisserande débutante, et que lui est un dev très accompli. Une histoire de légitimité, tout ça tout ça.
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