Je voulais t’envoyer une petite boussole au capot gravé des mots « Find your way back ». Si tu savais combien j’ai lutté pour ne pas le faire, convaincue que ce n’était pas mon rôle, pas ma place.
Je voudrais parfois que tu l’aies, dans le fond de ta poche, chaque jour avec toi, chaque pas un petit choc contre ta cuisse pour te ramener vers ton nord magnétique, à chaque doute son poids au creux de ta main, sa froide surface qui se réchauffe petit à petit à ton contact. Que tu te souviennes de qui tu es, d’où tu vas. Que tu te souviennes qu’il n’y a que toi qui a le droit et le pouvoir de décider ce qu’est ta vie. Que tu te rappelles que tu n’as pas toujours été là – et tu n’es pas obligé d’y rester. Tu peux choisir ton chemin, et c’est à toi de l’éclairer.
Je regarde la petite montre oignon sur ma table de nuit. « Tout vient à point à qui sait attendre ». Cette montre que je désirais tellement il y a des années, que je ne pouvais pas commander à l’époque et que j’ai finalement pu m’offrir dix ans après l’avoir initialement convoitée.
La vie a cette façon de te donner ce que tu veux, mais pas exactement comme tu le voulais, ou pas ce que tu veux, mais ce dont tu as besoin.
Elle devient comme un symbole, pour moi aussi, que j’ai envie de porter autour de mon cou un peu comme un talisman. Sa chaîne a la longueur idéale pour qu’elle repose contre mon cœur. Je la remonte, de temps à autres, consciencieusement, comme pour réinitialiser le temps.
J’ai l’impression d’avoir semé la route de symboles et de talismans, de m’être équipée de tous les charmes possibles, d’avoir créé des points de respawn tout autour de moi. Presque comme si je voulais contenir un incube et le contraindre à rester en arrière, piégé dans son cercle, et c’est plus ou moins ce que j’ai fait. Armée de mes amulettes, j’ai tout le nécessaire pour laisser mes démons derrière moi.
Qui que tu sois, où que tu te sois égaré, retrouve ton chemin. Y a des gens qui t’attendent.
Extrait d’un petit carnet de table de nuit, octobre 2024
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