Un acolyte anonyme et moi-même – je me demande ce que donnerait une réunion des acolytes anonymes. « Je l’ai vu secouer sa longue chevelure dans le soleil couchant et j’ai eu une envie irrésistible de me joindre à lui pour l’aider à combattre le crime »? – avions accidentellement glissé de dix ans dans le futur.
Le futur n’avait rien de vraiment futuriste. Il ressemblait aux mêmes barres d’immeubles, aux mêmes petits parcs tristes et aux mêmes cours d’école au béton craqué, avec quelques marques supplémentaires du passage du temps. Excepté que les hôpitaux avaient une unité de gestion des accidents temporels supervisée par des ingénieurs en informatique.
Une fois l’incident détecté on était convoqué par son centre de soin le plus proche qui se proposait de nous faire une injection et nous administrer une pilule de proxy. L’infirmiéticien chargé de la procédure demandait un maximum de détails sur le moment et le lieu exact du glissement pour régler le plus précisément possible l’adressage et le masque sous-réseau parce qu’une erreur ne nous renverrait pas du tout au bon endroit.
Allongée sur le lit d’hôpital, complètement groggy avec ma perf’, je m’inquiètai quand même un peu:
« Mais, et si on est renvoyés à un moment où le serveur ne fonctionne plus ou à un moment où il n’existait pas encore? »
« Non mais c’est pas grave » me répondit l’opérateur « il aura existé à un moment ».
Et mon acolyte et moi-même avons réintégré notre ligne temporelle sans dommage. C’était pas très palpitant comme aventure de voyage dans le temps, mais j’ai quand même bien ri.
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