La nuit dernière, j’avais trouvé un super appartement.
Bien situé et plein de charme, Il était composé d’une spacieuse salle de bain, une grande cuisine aménagée à la mode du début XXe, avec grand évier rectangulaire en céramique et la place pour une table à manger en son centre, un joli parquet de caractère, un bureau, un salon lumineux et une chambre gigantesque, oh, bien vint-cinq mètres carrés à vue de nez. Son seul défaut était de contenir, directement à gauche de la porte de cette immense pièce, deux énormes rangements inamovibles. Difficiles à décrire : imposantes structures fermées, un peu comme les caves dans les locatifs suisses, composées de bois de pin brut prenant toute la hauteur sous plafond, d’environ un mètre de profondeur et quatre de long, séparées par une petite allée d’un mètre cinquante. Je ne les avais pas ouvertes une seule fois depuis mon emménagement.
Un petit matin froid et clair, mon copain et moi nous réveillons, et au levé du lit, il va ouvrir l’un de ces rangements. Il m’annonce alors légèrement, comme si j’avais un problème de termites ou de moisissures : « tiens, t’as des satanistes dans ton armoire ». J’ai rétorqué « ah bah voilà pourquoi le loyer était si bas! » et suis venue jeter un œil et, effectivement, ils étaient là, entourés de pentacles et de bougies, en train de faire leurs rituels.
J’ai bien fait une ou deux tentatives pour les approcher, mais à chaque fois ils me lançaient des regards courroucés en m’invectivant en latin, je me suis un peu découragée. J’ai commencé à avoir des petits problèmes de possession autour du café le matin et des incursions démoniaques dans la salle de bain.
Inutile d’écrire au bailleur, ça allait encore se transformer en ping-pong de courriers recommandés… « mais écoutez mon chat est collé au plafond et il me vomit de la gelée verte sur la tête, envoyez-moi un exorciste! – Madame, nous ne pouvons pas vérifier la véracité de vos propos, il nous faut un certificat médical délivré par un vétérinaire », passer par l’Asloca puis finalement finir devant le tribunal des baux et c’est encore moi qui allais perdre de l’argent à payer des frais d’avocat… Autant dire que j’étais à nouveau bonne pour chercher un nouvel appartement.
Je dors pas très bien en ce moment avec les travaux.
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