Perce-neige

Il faudrait pouvoir accrocher ses démons au bestiaire en rentrant, alimenter la chaleur de son foyer avec des briquettes compactées d’histoires révolues, et des petits cahiers pour construire le futur, en arcs compliqués, un truc d’imposteur, on sait pas comment ça tient, mais, ça tient. Qu’importe les outrages que tente le temps. Je m’épuise, je bois ma liesse jusqu’à la lie, mais quand le silence réduit / mais cette ponctuation imparfaite, toutefois, que de contraintes à restreindre l’envol des conclusions fortuites.

Affronter cette lumineuse obscurité en engloutissant mon comptant de chimères, aux heures bâtardes – chaque journuit, il me tarde ! Je me sens guerrière, infatuée de cette bravoure superflue, vivante jusqu’à la trogne, veux-tu ? Et cette marche inexorable vers tous ces atolls – implausibles, et pourtant tant atteints – me tanne et m’aiguise, me ressource exsangue, je (ne) peux y panser seule. La satisfaction d’être forte pour rien. Pour rien d’autre.

Aborder l’adversité avec ce sifflet arrogant de canari, suffisant, inutile et jaune – si le chant d’agrément le fut jamais – ça n’a jamais servi à personne, cette idiophonie, sauf quand ça sent le gaz, bien sûr. Quand je peux pas, quand je voudrais, quand rien d’autre ne vient, et quand les mots n’existent pas, aussi.

Ce bruit, quand le dégel, ce bruit. Les bouillons du torrent. Un surcroît d’oxygène, par brassage. De l’air ! Le mouvement de mes os. Ces quelques degrés de pas assez, juste assez confortables pour s’y abandonner et songer à rentrer devant l’âtre – le prix du réconfort. À force, je ne sais plus si je perçois la dîme ou si je m’en acquitte. Descendre dans les gorges et sentir l’air vibrer, une note tenue, ténue, enflée, frottée, qui résonne, là, qui fait tout vibrer, qui résonne, qui remplit, qui satisfait.

Bien. À toi.

bande-son: By The End Of Tonight, Waiting For An Island

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