#Bloguidien du 23 février 2025 : « Quelle est la randonnée que tu as préféré faire ? »
C’est pas super original ou exotique, parce que c’était juste à côté de la maison. J’habitais à Ste-Croix, j’ai entendu parler d’un festival à Giez, juste au pied du Jura, à peine quelques kilomètres plus loin, donc j’ai décidé d’y aller à pieds avec mon sac à dos, mon chien et mon hamac.
Depuis Ste-Croix, la montagne est divisée en deux par les chutes de l’Arnon qui forment d’impressionnantes falaises et il faut choisir de quel côté on chemine. Je suis descendue le long des gorges de Covattanaz, qui sont sincèrement l’un des endroits les plus choux de l’univers. On y trouve plein de cascades, un refuge où faire griller des saucisses, de la verdure, de la fraîcheur, et pas grand-monde parce que tout le monde est occupé à aller au Creux-du-Van.

Ensuite je suis passée par Baulmes, qui est très mignon par endroits, un de ces bleds au pied de la montagne où on n’aperçoit le soleil que par procuration, Vuiteboeuf, la Mothe, Vugelles, en tout une dizaine de kilomètres, puis je suis enfin arrivée au refuge de Giez dans ce petit festival familial et sympathique où j’ai papoté pendant des heures plutôt que voir des concerts, tandis que mon chien allait bonhommement gratter des bouts de pizza et des papouilles au tout-venant.
Je crois que j’ai tendu mon hamac pour dormir environ deux heures avant de re-packer et repartir en sens inverse, sans flotte, en plein mois d’août, parce que je suis complètement irresponsable. On est passés devant une scierie, qui avait une benne remplie de chutes de bois, j’ai récupéré deux petites sections de poutre en épicéa bien dense, idéales pour faire des corps de guitare

Et pour varier un peu j’ai décidé d’attaquer la montée par la Via Salina. Ce qui était complètement con, attendu qu’elle atteint par endroits une pente de 18° sur un dénivelé de 400m. La balade est sublime, on marche sur des ornières taillées à même la roche pour le transit du sel à travers le Jura, et ça colle le vertige de se dire que les bêtes de trait travaillaient sur ces pentes et que ceux qui les accompagnaient empruntaient régulièrement cet itinéraire à pied.
Je crois que je me suis un peu paumée sur la dernière section, je me suis retrouvée sur des routes d’entretien à flanc de montagne, vraiment des petits sentiers caprins au-dessus de plusieurs dizaines de mètres de vide, tout ce que j’aime. Fidèle à lui-même, Pico courait tranquillement partout comme un chevreuil, pendant que je galérais à trouver mes appuis en tremblant de trouille, chargée comme un mulet avec mes deux poutres.
On arrive au bled, on prend juste le temps de constater que le Jura recèle de créatures jurassiques en tombant sur une libellule de la taille de ma main. En arrivant à la maison, Pico vide deux gamelles d’eau, je vide le contenu de mon frigo, et on va se pieuter pour 24h.
J’ai fait beaucoup d’autres randos depuis, découverts plein de paysages magnifiques, posé mon hamac dans des lieux tout à fait charmants (et dormi un peu plus de 2h), parfois même j’ai réitéré l’expérience de me rendre à un évènement culturel avec mes pieds à travers le pays, je suis même de temps en temps tombée complètement par hasard sur des petits évènements cachés, mais sans même parler du festival, auquel j’ai passé un moment mémorable, je n’ai jamais égalé le sentiment d’aventure que j’ai retiré de cette randonnée-là, en terme de découvertes, de challenge physique, de variété topographique, d’immersion dans l’histoire.
Peut-être celle où j’étais partie me faire les aiguilles de Baulmes en raquette par -17° et que les sentiers, non damés, étaient recouverts d’un bon mètre de neige. Là c’était aussi pas mal l’aventure, ouais. J’ai eu un peu peur de perdre mes mains aux engelures.
Je suis bientôt d’attaque pour partir faire de longs voyages à vélo, il me manque plus qu’un vélo correct (je l’aime bien, le miens, mais je pars pas faire des centaines de kilomètres avec ce dérailleur moisi, c’est juste pas possible, on l’a changé trois fois et réglé des dizaines de fois, rien n’y fait, en plus il a un développement de parpaing, je galère beaucoup trop dans les montées, bref, il est temps de lui dire au revoir), et puis je retourne sur mon Jura dans les jours prochains, j’espère que j’y créerai de nouveaux souvenirs et vivrai de nouvelles aventures aussi palpitantes, gratifiantes et épanouissantes que celle-là.
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